Crédit Interprovincial Limitée
Nom de l’entreprise | Crédit Interprovincial Limitée |
Nom d’origine | Crédit Interprovincial Limitée |
Type d’entreprise | Compagnie par actions |
Siège social | Montréal |
Succursales | Québec, Trois-Rivières, St-Jean (Québec), Moncton |
Fondation | 1941, par Jean-Louis Lévesque et Vianney Favreau, secrétaire. Les administrateurs externes sont Gérard Favreau, secrétaire de Sun Trust, J-A Boivin, notaire et Georges Dubé. |
Historique | 1944 : Acquisition de Fashion-Craft Ltée. Gérard Favreau nommé gérant-général et vice-président de la direction 1947 : Achat, seul et par soumission, de 31.9 millions $ d'obligations de la ville de Montréal. 1948 : Achat, seul et par soumission, de 23.7 millions $ d'obligations de la province de Québec. Entrée de Gaston Thibodeau. Entrée d’André Charron comme avocat interne. 1951 : Fondation de J.L. Lévesque Inc. - agent de change 1952 : À la tête de son propre syndicat, la firme gagne, par soumission, deux emprunts (12.6 et 15 millions $) de la province. Achat de L'Industrielle, Cie d'Assurance Achat de l'immeuble, 31, rue St-Jacques 1954 : Création de Corporation de Valeurs Trans-Canada 1955 : À la tête de son syndicat, la firme gagne par soumission deux emprunts 23.25 et 37.75 millions $) de la province de Québec 1957/58/59 : Co-dirige un syndicat élargi pour plusieurs emprunts de la Province et d’Hydro-Québec. 1960/62 : Crang & Co. correspondant en Ontario 1962 : Acquisition/fusion avec L.G. Beaubien & Cie Limitée pour former L.G. Beaubien & J.L. Lévesque Ltée., agents de change, et J.L. Lévesque & L.G. Beaubien Ltée., courtiers en valeurs mobilières. Plus tard Lévesque, Beaubien Inc. pour les deux secteurs |
Principaux dirigeants | 1941-1962 : Jean-Louis Lévesque, Vianney Favreau, Gérard Favreau 1948-1962 : André Charron, secrétaire et administrateur; Gaston Thibodeau, vice président (1948), ancien associé chez Paul Gonthier & Cie (1941-48) et directeur chez Crédit Anglo-Français (1936-1941) 1954-1962 : Roger Paquet administrateur 1957 : André Charron vice-président exécutif, Grahame Johnson, Armand Normand, vice-présidents 1961 : Jacques Goulet (ancien président chez L.-J. Forget (1946-1961) vice-président, J.L. Lévesque Inc. |
Champs d’activités | Souscripteurs et distributeurs de titres des gouvernements et municipalités, d'utilités publiques, d'entreprises industrielles et d'institutions religieuses. |
Notice
La firme est fondée en octobre 1941 par Jean-Louis Lévesque, en collaboration avec Gérard Favreau, secrétaire de Sun Trust. Lévesque s’adjoint le frère de Gérard, Vianney, qui a d’abord été employé par la Banque Provinciale, puis de Forget & Forget, en 1928. Lévesque a lui-même débuté à la Banque Provinciale et est ensuite passé chez Crédit Anglo-Français, en 1937, à titre de vendeur puis de vice-président. Il y met à contribution ses talents de vendeur et de recruteur d’emprunteurs potentiels. Mais surtout, il y mûrit et renforce sa décision de lancer sa propre maison. Mobilisant ses capitaux, empruntant auprès d’anciens professeurs ou d’amis et donnant tout ce qu’il peut en garantie, même sa voiture, Jean-Louis Lévesque lance sa maison de courtage avec un capital de 7,500 $ dont 5,000 $ sont empruntés. Ses premiers revenus sont obtenus de la vente d’Obligations de la Victoire et de la souscription d’emprunts religieux.
À partir d’un capital aussi modeste et d’un noyau de trois personnes, la capacité de travail de Jean-Louis Lévesque et ses multiples talents produisent des résultats peu communs. Vendeur convaincant et démarcheur infatigable, il s’entoure de personnes compétentes. Son génie financier fait le reste. Côté courtage, la firme développe à fond sa capacité de souscription dans les secteurs municipaux et religieux ainsi que son réseau de distribution. En moins de six ans, elle parvient à affronter seule les syndicats dirigés par les firmes nationales établies à Toronto et à gagner des émissions clés. En 1947 et 1948,la firme acquiert après soumission, des emprunts de la ville de Montréal et de la province de Québec. Cette réalisation lui procure des profits importants et l’autorisation de diriger ses propres syndicats pour des emprunts subséquents.En 1953, Gaston Thibodeau, vice-président responsable de l’administration, dirige trente représentants et vingt employés de bureau. Côté corporatif, Jean-Louis Lévesque achète des entreprises là où ses collègues se contentent de les financer et de siéger aux conseils d’administration. Il finance ses acquisitions en faisant appel au réseau de distribution de sa maison de courtage et place à la tête de ses entreprises des hommes de confiance comme Gérard Favreau, Edmond Frenette ou André Charron. Après l’achat de Fashion Craft, en 1944, suivra une impressionnante liste d’entreprises grandes et petites dans divers secteurs : Compagnie de Téléphone de Joliette, Fred Lallemant & Co, Librairie Beauchemin, L’Industrielle cie d’Assurances, Slater Shoe, Le Palais du Commerce, et bien entendu son propre immeuble. Les compagnies sont soit revendues à profit, souvent après une réorganisation, soit intégrées à une société de portefeuille contrôlée à l’interne, Corporation de Valeurs Trans-Canada, qui sera acquise plus tard par Paul Desmarais.
Tout au long des années 1950, la firme prospère par développement interne. Sa réputation s’accroît. En 1962, elle compte 125 employés. En 1960, deux évènements modifient cette stratégie : le retour au pouvoir du Parti libéral et la stagnation puis le déclin de la plus prestigieuse maison de courtage québécoise, L. G. Beaubien & Cie. Le retour du Parti libéral entraîne le retour en force du syndicat financier traditionnel dirigé par A.E. Ames & Co et la Banque de Montréal. La toute-puissance de ce groupe culminera, en 1963, avec la » bataille du syndicat financier » déclenché par son refus de financer la nationalisation des compagnies d’électricité. Jean-Louis Lévesque constate qu’en forçant l’inclusion de presque l’ensemble des courtiers québécois, ce syndicat anéantissait toute possibilité que Crédit Interprovincial puisse soumissionner pour les emprunts provinciaux, comme il le faisait avec succès depuis le milieu des années 1940. En parallèle, le vieillissement de la direction, majoritairement familiale, de L. G. Beaubien &Cie ainsi que le manque de dynamisme de cette firme donnent naissance à des rumeurs de vente. Malgré l’arrivée de Roland Giroux à la présidence de l’entreprise en1961, la relance de Beaubien ne se concrétise pas. Sans hésitation, Lévesque, par l’entremise d’André Charron, organise une rencontre et conclut l’achat à la fin de1962. Il provoque ainsi la création de J.L. Lévesque & L.G. Beaubien Ltée, devenu par la suite Lévesque, Beaubien Inc., la plus importante firme de courtage au Québec.
Sources
Annuaire Lovell (1940). Inscription Louis Lévesque. p.1649
Annuaire Lovell (1941). Inscription Jean-Louis Lévesque. p.1677
Bélanger, Jules (1996). Jean-Louis Lévesque : La montée d’un gaspésien au sommet des affaires, Montréal : Fides.
Biographies Canadiennes-Françaises (1948). « Gaston Thibodeau », p. 214
Biographies Canadiennes-Françaises (1952). « J-Louis Lévesque », p. 165
Biographies canadienne-françaises (1965). « André Charron », p. 355
Biographies Canadiennes-Françaises (1965). « Vianney Favreau » pp. 512-513
Biographies Canadiennes-Françaises (1965). « Roland Giroux » p.593
Biographies Canadiennes-Françaises (1977-78). « Roland Giroux » p.154
Biographies Canadiennes-Françaises (1965). « Jacques Goulet » pp.600-601
Biographies Françaises d’Amérique (1950). « J.-Louis Lévesque ». p.153.
Clément, M. (1947) « Le Président de Crédit Interprovincial Ltée est aussi homme d’affaires averti qu’habile financier » Le Canada, 1947.
Duchesne, P. (2001). Jacques Parizeau,Tome I, Le Croisé,1930-1970. Montréal : Éditions Québec Amérique
Chapitre 10 – Le professeur Giroux, pp. 274-276.
Chapitre 11 – La bataille du syndicat financier, pp. 316-342.
La Patrie, 28 février 1947. « Dernier pas de la conversion – La Ville touche 108 millions $ (31.7 $C / 67.7 $ US) ».
Lauzier, L. « Le groupe Lévesque prend la contrôle de la Maison Beaubien». La Presse, 29 déc. 1962.
Le Canada, 9 et 10 septembre 1948. «Émission de 23.7 millions $ de la Province adjugée au Crédit Interprovincial ».
Documentation personnelle.
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Coupure de journal – Jean-Louis Lévesque nommé directeur et vice-président Crédit Anglo-Français,
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Finance et Progrès, octobre 1962 – pp. 7-9
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Coupure de journal. Organisation d’une nouvelle maison de courtage – Directeurs -Coordonnées – Emprunts religieux déjà réalisés par J.-Louis Lévesque
Forest, Jean-Paul (1953). « Jean-Louis Lévesque, l’Homme du mois », Commerce, décembre 1953, pp. 10-18
Forest, Jean-Paul (1954). « Biographie de Jean-Louis Lévesque ». Le Phare, journal interne de L’Industrielle Cie d’Assurances, 5 janvier 1954.
Forest, Jean-Paul (1954). « Jean-Louis Lévesque courtier et financier parti de rien il y a 20 ans ». Le Samedi, 1 mai 1954, p. 7 et 27-28.
The Financial Post Survey of Industrials (1961), p. 34. Annonce corporative, Crédit Interprovincial.
Brochu, Paul. (2003). «Entretien avec André Charron». Montréal : IRÉC, page 11 à 13 – achat de L. G. Beaubien
Brochu, Paul. (2003). «Entretien avec Omer Veillet». Montréal : IRÉC, page 35 – philosophie de Jean-Louis Lévesque pour les achats de compagnies.
Vallières, M. (2014). Le Gouvernement du Québec emprunte : le syndicat financier et les finances publiques 1867- 1987. Version préliminaire du chapitre 3
Vieux Montréal. Édifice Alexandre-Bourgeau, 31 St-Jacques ouest
http://www.vieux.montreal.qc.ca/inventaire/fiches/fiche_bat.php?sec=q&num=5
Who’s Who in Canada (1947/1948). « J. Louis Lévesque », p. 405.